Je me présente généralement comme « artisan vectoriel » sur les réseaux sociaux, et même si cela ne représente pas l'intégralité des services que je propose à mes clients, cette dimension est présente dans chacun d'eux.

Pour moi, un artisan est quelqu'un qui pratique un métier avec soin, passion et maîtrise, qui possède une connaissance approfondie du matériau qu'il travaille, afin d'en tirer le meilleur parti et de le transformer en un objet ou un produit beau, utile et unique.

Ma matière première, ce sont les vecteurs ; des vecteurs que j'utilise pour créer chaque illustration, chaque graphique, chaque icône, chaque logo et chaque illustration que je développe, que ce soit pour moi-même ou pour mes clients.

Nombreux sont ceux qui doutent que le monde numérique puisse accueillir le travail artisanal. Je le pensais aussi, jusqu'à ce que je prenne conscience des similitudes entre ma façon de travailler avec les vecteurs et celle dont je faisais passer les fibres de laine à travers la chaîne de coton pour tisser sur des métiers à tisser il y a plus de vingt ans.
Il y eut un moment où le monde s'estompa autour de moi ; seuls la chaîne, la laine et moi demeurions, dansant ensemble dans un motif hypnotique où, à chaque pas, je découvrais des coïncidences et créais des séquences logiques qui donnaient forme à la pièce qui émergeait sur le métier à tisser. Au fil du temps, et sous la direction de mon professeur Ixchel Suárez, je commençai à me familiariser avec ces séquences et d'autres encore, que j'appliquai ensuite différemment à de nouvelles créations. Tout comme je le fais aujourd'hui avec les vecteurs.

Si vous vous demandez ce que sont les vecteurs, j'en parlerai dans un autre article en cours de rédaction. En attendant, vous pouvez consulter deux articles déjà publiés qui vous donneront un aperçu : « Illustration technique », « Le vilain petit canard de l'art » et « Vecteurs contre pixels ».
Une autre métaphore que je trouve très pertinente pour aborder le travail vectoriel comme un artisanat est celle du travail du bois. Un menuisier ou un ébéniste sait que tous les bois ne sont pas identiques, que le sens du fil, la densité, la dureté, le taux d'humidité, etc., sont des facteurs importants pour le travailler et exploiter pleinement son potentiel.

Il en va de même pour les vecteurs. La simplicité, la clarté, l'ordre et les propriétés mathématiques de chaque vecteur déterminent la qualité et l'utilité des images résultantes pour différentes applications.
Par exemple, deux cercles apparemment identiques, chacun de 100 x 100 pixels. Cependant, le second est composé d'un ensemble de vecteurs désordonnés, avec trop de points d'ancrage et aucun axe de symétrie.

Cela peut paraître sans rapport, mais les deux cercles résultent d'expressions mathématiques. Si l'on utilise XML pour les images SVG, le premier est :

Tandis que le second est :

Par conséquent, une manipulation négligente des vecteurs lors de la création d'une illustration (comme ci-dessous) affectera certainement le nombre d'opérations qu'un navigateur doit effectuer pour les visualiser ou qu'un logiciel doit effectuer pour les traiter (ou pensiez-vous qu'Illustrator plante sans raison ?).
Imaginez la quantité de vecteurs et d'informations inutiles qui peuvent être générées lors de la création d'une illustration comme celle-ci si l'on ne prend pas les précautions nécessaires.

J'ai fait un test pour le vérifier. Voici deux images isométriques de la même Jeep. La première a été créée il y a 20 ans avec le filtre 3D d'Adobe Illustrator, qui a généré une quantité impressionnante de vecteurs. La seconde a été créée 20 ans plus tard, en utilisant systématiquement les outils de base d'Illustrator. Remarquez-vous la différence ?
[GIF animé illustrant le paragraphe précédent]
Les filtres peuvent être très tentants car ils offrent une solution « facile » pour corriger rapidement une illustration vectorielle. Cependant, dans un contexte professionnel, le résultat n'atteindra pas la qualité supérieure que seule la manipulation vectorielle manuelle permet d'obtenir. Un artiste expérimenté peut produire des résultats si rapidement que les filtres deviennent superflus, offrant ainsi des graphismes impeccables, sans vecteurs inutiles et avec une taille de fichier adaptée à l'application, au stockage et à la distribution.
Un autre exemple illustrant l'importance d'une manipulation précise des vecteurs est l'utilisation de l'outil de fusion. Prenons nos deux cercles ci-dessus comme exemple. Que se passerait-il si nous voulions les transformer en une étoile à huit branches ?

Vous voyez ce que je veux dire ? Cela s’appliquerait également aux transitions animées comme le « morphing », qui, en effet, nécessitent une gestion vectorielle correcte pour que leur programmation fonctionne.
Enfin, la fameuse IA. Pour l'instant, je ne m'inquiète pas. Tout comme pour les deux Jeep précédentes, la différence entre la méticulosité et le savoir-faire est remarquable.

Comme le dit le proverbe : « L’important, c’est le détail. »
Et vous, dites-moi, avec quelle précision travaillez-vous habituellement avec vos vecteurs ? Pensez-vous que la manière dont vous les manipulez soit importante ?
Merci d'avoir lu et partagé.
Fran GyG